Nos jeunes dans le désert marocain

« Marcher de 5 à 7 heures par jour je croyais pas que j’en étais capable ! “. Pourtant Amine, élève de 13 ans au collège Vitagliano l’a fait pendant une semaine au coeur du désert, avec 11 autres jeunes de 13 à 16 ans. Car c’est en marchant que l’on découvre son chemin.

Vitagliano désert 3L’aventure a commencé le 5 avril 2019 à Ouarzazate au Maroc par quelques heures de route le long de la vallée du Draa, en direction de M’hamid el Ghizlane dans la province de Zagora, non loin de la frontière algérienne. C’est là que nous avons chaussé nos baskets et, parés de notre chèche, nous avons affronté les premiers kilomètres. Une simple mise en jambe de 2 heures pour se roder, et rejoindre notre premier lieu de campement.

L’équipe des chameliers qui nous accompagne a déjà installé la tente cuisine et la tente mess, et nous accueille avec un bon thé à la menthe. Une routine quotidienne à laquelle nous nous sommes bien vite habitués. Prendre le thé, monter les tentes, se reposer, jouer, dîner, discuter, dormir, puis le matin tout ranger, démonter le camp, marcher, et encore marcher… une routine très simple mais tellement ressourçante. Et là est le bienfait du désert : pas besoin de téléphone portable, ni de jeux vidéo ou de réseaux sociaux. La simplicité du désert aide à se recentrer sur l’essentiel, à se mettre à l’écoute du compagnon de marche, et incite chacun à se connaitre en vérité.

 

Se couper pour se trouver

Vitagliano désert 3Les 12 collégiens ont appris à gérer leur équipement, prendre l’eau suffisante pour la journée, aider celui qui est en panne, se protéger du soleil et des ampoules aux pieds, monter une tente ou dormir à la belle étoile, cuisiner un pain dans le sable, monter sur un dromadaire, créer une horloge solaire, observer la nature, écouter le silence et méditer, se dépasser.

L’idée du désert a émergé en début d’année scolaire avec l’équipe éducative de Vitagliano. Cette expérience représente une vraie rupture pour les jeunes. Loin de l’école et du quartier, dans un lieu unique qui se distingue de tout autre par le simple fait d’être le désert; un endroit inaccessible, d’une immensité et d’une adversité qui génère chez les jeunes un respect naturel, et donc un changement de posture de leur part, loin des codes habituels. La cohésion de groupe devient spontanée, le respect de soi aussi.

L’équipe éducative a cette conviction que la marche dans le désert peut générer chez les jeunes un climat de silence propice à l’intériorité. Cela permet d’expérimenter le plaisir d’un contact différent à l’autre et à soi-même. Une fois qu’on s’engage on va au bout, pas de chemin inverse ou de raccourcis, on se fixe un objectif et on avance tous ensemble. Chacun est face à soi-même tout en étant avec les autres.

Magie du silence et de la nature

C’est ce que nous voulions obtenir en allant dans le désert plus que tout autre lieu avec une certitude : personne n’en revient inchangé. Nous voulions allier la magie du silence à la magie de la nature qui sont tous deux source de présence. Dans un monde où on doit être le plus fort, le plus riche, le plus… le désert permet d’être petit et humble sans crainte du regard de l’autre. Que rêver de mieux pour nos jeunes !?

Puis les jours sont vite passés, les dunes et les plaines se sont succédées. Malgré quelques douleurs aux pieds tout s’est bien passé ! Chacun garde au fond de soi des moments inoubliables partagés, ses propres efforts pour y arriver, les paysages merveilleux et les nuits étoilées. On pouvait croire que c’était impossible mais un pas après l’autre on y est arrivé !

L’équipe éducative de Vitagliano forme le vœu que ces expériences contribuent à changer les cœurs et à construire les hommes et les femmes de demain. Nous espérons que plus tard ils sauront marcher sur d’autres chemins pour toujours mieux se rencontrer eux-mêmes, car c’est en marchant que l’on découvre son chemin.

Cette opération a été menée grâce au soutien de la fondation DENIBAM, l’entreprise Cap Vert Energie, Milhe et Avons, la fondation Gonnord, Terres d’aventure, la DDEC, et un donateur privé. Que chacun soit chaleureusement remercié de nous avoir offert cette aventure au fond de nous-même.

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